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Du méconnu trauma :

« - Mais non ce n’est pas un trauma, tu n’as pas d’ESPT*…

- Ah bon, mais pourtant, j’ai l’impression de rejouer sans cesse cette situation passée.

- Bah oui, mais cette situation ne peut pas être traumatique, si tu la compares à…

- Certes…

(l’individu, à part, et en pensée : « pourtant je l’ai vécue douloureusement, et j’ai l’impression qu’il y a un avant et un après moi… »)

Bon, ok, tu as raison, je devrais essayer d’oublier et prendre sur moi, mais … alors… je ne sais pas pourquoi cela me trouble autant.


- Va faire du sport, ou pense à autre chose…

- Si tu le dis.


(Et la personne se mure, s’interdisant de se fier à son éprouvé, son ressenti, s’inscrivant dans une sensation d’échec, convaincue que tout autre à sa place parviendrait à surmonter les difficultés qu'elle rencontre. Elle va parfois se sentir incomprise, d'autres fois être prise de colère soudaine et incompréhensible, se trouver gagnée par la culpabilité, privilégier l'isolement pour fuire tout ce qui dans cet engrenage la conduit à la position inconfortable dans laquelle elle se trouve.) »


Alors que oui, cette femme, cet homme, est bien traumatisé(e).


* ESPT : effet de stress post traumatique.


Le trauma psychique qu’il soit historique, émotionnel ou répondant communément à la classification de psychotrauma, est bien trop souvent mal connu, ou trop peu interrogé dans l’implication qu’est la sienne quant aux troubles évoqués.


En effet, le psychotrauma résonne (malheureusement) avec le plus grand nombre sur son évidente conséquence face à des évènement socialement reconnus comme traumatiques. Il est cependant beaucoup moins interrogé lorsqu’il fait suite à des situations qui ne semblent pas constituer, au regard du consensus, des motifs suffisants pour en déduire un trauma.


Pourtant…


Pourtant, le trauma, s’il peut en effet être consensuel eu égard à des statistiques qui permettent d’imaginer avec une forte probabilité que telle ou telle situation l’engendre, il n’en est pas moins surtout une implication subjective.


Ceci signifie que ce n’est pas la situation en soit qui détermine si elle a ou pas une implication traumatique, mais bien la manière dont l’individu exposé la reçoit.

Il est tout à fait possible à ce titre, qu’une personne ressente comme traumatique un évènement que la plupart n’imagine pas avec une telle portée, tout comme il est possible qu’une personne, face à un évènement que la plupart jugerait comme traumatique, ne le ressente pas comme tel.

C’est un premier point d’éclairage important, car il n’est pas rare que des patients arrivent avec la présentation de troubles psychotraumatiques, sans parvenir à s’y reconnaitre, ou emprunts d’une grande culpabilité. Et cela s’explique du fait qu’ils n’imaginent pas l’évènement vécu comme pouvant répondre objectivement à ce qui, de la représentation moyenne, peut être traumatique, ou encore qu’ils se situent « comme n’ayant pas le droit » référés au regard d’autrui, qu’ils supposent, dans l’appréciation de cet évènement, ne pouvant le reconnaitre comme traumatique.


Ces personnes se retrouvent par conséquent non seulement avec des difficultés qu’ils ne parviennent pas à lier, ou dans une grande culpabilité ou honte, mais avec de surcroit, l’impression d’être incompris du plus grand nombre.

Cette première tendance, ou constat, mènent à cette incompréhension ou ignorance de la problématique traumatique alors qu’elle est directement impliquée.


Le deuxième point que nous souhaitons abordé, et qui écarte également l’appréciation des troubles à la lumière du trauma, consiste dans une conception arrêtée, voire étriquée de la portée traumatique d’une situation.


En effet, le trauma est majoritairement connu dans son acception psychotraumatique, réunissant ainsi des critères et identificateurs très définis, et conduisant à une évaluation référée à la classification psychotraumatique la plus connue.


Cependant, la dimension émotionnelle ou historique d’une situation peut être suffisamment impliquée pour qu’elle ait un retentissement traumatique, alors qu’elle ne corresponderait pas forcément à son habituel indicateur qu’est celui de l’effet de stress post traumatique.


Ainsi, un vécu peut avoir activer une émotion sur un versant traumatique, sans que celle-ci n’ait pour conséquence, les répercussions habituelles.

Elle engage pourtant une gestion émotionnelle troublée par cette activité maintenue dans un état traumatique.

Le trauma peut alors, au fond, ne pas se traduire tant dans son retentissement émotionnel que dans l’expérience cognitive qu’il suspend, et de laquelle il continue d’interroger le patient concerné, au point que celui-ci ne va cesser de mettre en place des schémas de répétition pour tenter de gérer cette situation cristallisée dans un psychisme profond.


Il convient dans toutes ces situations d’évaluer la portée traumatique d’évènements ou situations vécus et/ou identifiés, comme potentiellement porteurs des troubles observés, afin d’en établir le retentissement tant émotionnel que cognitif, et y associer la ou les méthodes nécessaires pour, dans un premier temps désactiver cette émotion, et dans un second temps réorienter le traitement cognitif de l’information.


C’est à dire désengager le patient des troubles occasionnés par cette même émotion, et le réorienter dans les schémas de penser ou d’action qui le mènent du fait de la situation causale.


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